Portrait : le projet de recherche-création immersif de Romina Soledad Romay récompensé

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Le par­te­na­riat cinEXmedia et le CRIGUM ont octroyé une bourse post­doc­to­rale à la cher­cheuse Romi­na Sole­dad Romay.

Au début du mois d’octobre, cinEXmedia et le Centre de recherche de l’Institut uni­ver­si­taire de géria­trie de Mont­réal (CRIUGM) ont octroyé une bourse post­doc­to­rale à la cher­cheuse Romi­na Sole­dad Romay. Nous nous sommes entre­te­nu avec la réci­pien­daire afin d’en apprendre davan­tage sur son par­cours et son pro­jet, qui se trouve à l’intersection des tech­no­lo­gies numé­riques, de la com­po­si­tion musi­cale et de l’histoire de l’art.

Art impres­sion­niste et intel­li­gence artificielle

Au début de notre entre­tien, le visage de Romi­na Sole­dad Romay rayonne de déter­mi­na­tion. « Je suis contente, mais très concen­trée, dit-elle. Les pre­mières étapes sont les plus impor­tantes. Il faut des­si­ner le che­min à suivre, com­prendre le mode de fonc­tion­ne­ment du labo­ra­toire, ren­con­trer les dif­fé­rents partenaires. »

« Le pro­jet com­prend la créa­tion d’une expé­rience immer­sive ins­pi­rée des tableaux impres­sion­nistes, dans laquelle on va créer dif­fé­rentes pièces musi­cales en lien avec les sons retrou­vés dans les envi­ron­ne­ments natu­rels que l’on aper­çoit dans ces tableaux, explique-t-elle. C’est la vision impres­sion­niste de la lumière et de la nature qui va inter­ve­nir. Il y a une par­tie de la créa­tion qui est ins­pi­rée par la nature, et l’autre, par la peinture. »

Pour créer l’univers sonore de leur pro­jet, Romi­na Sole­dad Romay et son équipe ont cap­té les sons ambiants d’un jar­din bota­nique. À par­tir de ces cap­ta­tions, les chercheur·euses ont créé des modèles musi­caux évo­quant diverses espèces végé­tales dans des contextes variés. 

« Visuel­le­ment, nous uti­li­sons l’intelligence arti­fi­cielle pour recréer le style impres­sion­niste. C’est une démarche créa­tive et péda­go­gique. Dans le contexte de notre démarche en his­toire de l’art, l’intelligence arti­fi­cielle nous per­met de com­prendre les par­ti­cu­la­ri­tés de ce style et l’époque qui les entoure. »

L’art comme vec­teur de bien-être

La cher­cheuse sou­tient que l’aspect « thé­ra­peu­tique » du pro­jet est pri­mor­dial. Elle se réjouit de pou­voir tra­vailler dans un envi­ron­ne­ment aux côtés de scien­ti­fiques et de professionnel·les de la san­té. « Le pro­jet est mené dans un labo­ra­toire où d’autres expé­riences ont préa­la­ble­ment été menées pour étu­dier les effets de l’art sur les gens. »

Selon elle, le pro­jet cadre par­fai­te­ment avec les valeurs de cinEXmedia, qui étu­die les effets béné­fiques de l’expérience audio­vi­suelle sur les audi­toires. « J’aimerais démon­trer que la culture du numé­rique peut contrer les phé­no­mènes d’aliénation et d’isolement qui peuvent sur­ve­nir lorsque nous res­tons trop long­temps devant nos écrans. »

« C’est impor­tant de sen­tir qu’on fait par­tie de quelque chose de plus grand, qui inclut les autres chercheur·euses, mais aus­si l’environnement. Je trouve inté­res­sant de pou­voir lier les choses, les gens, et de géné­rer du bien-être en inté­grant les plus jeunes et les plus âgé·es, en mélan­geant les dis­ci­plines pour voir plus loin. »

Une cher­cheuse touche-à-tout

« Je suis très contente de rece­voir cette bourse, d’avoir un lien avec les méde­cins et les neu­ro­logues, c’est génial », ajoute celle qui vou­lait « tra­vailler dans le domaine de la san­té » avant de se tour­ner vers la créa­tion artistique.

Au début de son par­cours, la cher­cheuse était loin de se dou­ter qu’elle abou­ti­rait dans le domaine des arts mul­ti­mé­dias. À Bue­nos Aires, où elle a gran­di, elle a d’abord obte­nu une licence en sciences natu­relles. Ama­trice de pia­no, elle est entrée dans un conser­va­toire musi­cal, paral­lè­le­ment à ses études scien­ti­fiques. C’est à cette époque qu’elle a véri­ta­ble­ment plon­gé dans la musique.

À la suite de ces quelques années d’études en com­po­si­tion musi­cale, elle a sui­vi une for­ma­tion au Conser­va­toire natio­nal supé­rieur de musique et de danse de Lyon, où elle a décou­vert la musique assis­tée par ordi­na­teur. Ce fut le coup de foudre. Elle s’est alors ins­tal­lée à Ham­bourg, où elle s’est inté­res­sée au déve­lop­pe­ment des syn­thé­ti­seurs et où elle a enta­mé divers pro­jets multimédias.

« Quand j’étais enfant, à l’école, je pro­fi­tais tou­jours des pauses pour aller à la biblio­thèque, pour ten­ter d’apprendre quelque chose de nou­veau. C’était comme un jeu. Consi­dé­rer l’apprentissage comme quelque chose d’amusant dès notre plus jeune âge fait en sorte que notre pro­fes­sion devient liée au plai­sir, même quand on est adulte. »

La suite des choses

Romi­na Sole­dad Romay se dit inva­ria­ble­ment atti­rée par la recherche-créa­tion. « Pour moi, c’est natu­rel. J’ai tou­jours été très curieuse, atti­rée vers dif­fé­rents domaines. Pour réa­li­ser mes com­po­si­tions, j’essaie d’explorer de nou­velles démarches, d’innover. Ça me per­met d’élargir mon champ de per­cep­tion et de com­pré­hen­sion. La créa­tion, c’est juste un outil pour explo­rer dif­fé­rents domaines. »

Le futur s’annonce pro­met­teur pour la cher­cheuse et son équipe. « On est en pla­ni­fi­ca­tion, en pleine orga­ni­sa­tion des pro­jets et des ini­tia­tives. Plein d’idées sont en train d’émerger pour mettre les choses en place. »

Elle sou­haite aus­si rejoindre un public aus­si large que pos­sible. « C’est impor­tant de pou­voir se sen­tir ensemble, de créer une vision col­lec­tive, posi­tive et construc­tive de notre réalité. »