L’exposition "L’espace des plateformes" interroge l’omniprésence des outils numériques

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Le Car­re­four des arts et des sciences accueille une expo­si­tion col­lec­tive qui traite des consé­quences de la place gran­dis­sante des pla­te­formes numé­riques dans nos vies.

Le Car­re­four des arts et des sciences de l’Université de Mont­réal accueillait, le 21 sep­tembre der­nier, le ver­nis­sage de l’exposition L’espace des pla­te­formes, qui se tient tou­jours jusqu’au 8 décembre.

Diri­gée par les com­mis­saires Chris­tine Ber­nier, Mar­ta Boni et Zai­ra Zar­za, qui sont éga­le­ment pro­fes­seures au dépar­te­ment d’histoire de l’art et d’études ciné­ma­to­gra­phiques, L’espace des pla­te­formes pré­sente des œuvres de chercheur·euses-créateur·rices qui s’intéressent aux usages des pla­te­formes numé­riques et plus par­ti­cu­liè­re­ment aux enjeux poli­tiques, sociaux et envi­ron­ne­men­taux qu’elles soulèvent.

Assis­ter à la trans­for­ma­tion des plateformes

L’exposition aborde les divers usages quo­ti­diens des pla­te­formes numé­riques, de la créa­tion des pre­mières consoles de jeux à l’arrivée des pla­te­formes de dif­fu­sion en conti­nu et à l’expansion de l’ASMR  (auto­no­mous sen­so­ry meri­dian res­ponse ou réponse sen­so­rielle auto­nome culmi­nante). Elle traite éga­le­ment de l’évolution des tech­no­lo­gies numé­riques d’un point de vue historique.

« Ce qui est par­ti­cu­lier dans une expo­si­tion comme celle-ci, c’est de pou­voir voir la trans­for­ma­tion de ce que signi­fie une pla­te­forme », observe Fré­dé­ric Bou­chard, le doyen de la Facul­té des arts et des sciences de l’Université de Mont­réal, qui était pré­sent au ver­nis­sage aux côtés des com­mis­saires, des artistes et du public.

Pour Mar­ta Boni, cette soi­rée d’inauguration signe une réus­site : « J’ai décou­vert une façon un peu dif­fé­rente, et qui m’a beau­coup plu, [de dif­fu­ser la connais­sance] et de me pen­cher sur la ques­tion des usages [des pla­te­formes]. Je trouve qu’il y a un bon équi­libre entre le fait d’avoir choi­si une expo­si­tion et le thème qui est celui des usages. […] Cette spa­tia­li­sa­tion, cette concré­ti­sa­tion phy­sique est une réussite. »

Un ques­tion­ne­ment des usages

Tara Kar­mous et Clé­men­tine Bro­chet, deux anciennes étu­diantes du pro­gramme de maî­trise en ciné­ma, ain­si que Jona­than Har­dy, déve­lop­peur, ont créé La fin des paillas­sons (2023), l’une des œuvres inter­ac­tives de l’exposition. Celle-ci pro­pose un regard fémi­niste sur l’œuvre de Pablo Picas­so par l’intermédiaire des por­traits de trois des conjointes de l’artiste. À l’aide de télé­phones intel­li­gents mis à la dis­po­si­tion du public, les visiteur·euses peuvent entendre les voix de ces femmes, qui témoignent de leur vie com­mune avec le peintre, accom­pa­gnées d’une ani­ma­tion en réa­li­té augmentée.

« C’est vrai­ment un concept qui pour­rait se trans­po­ser, qui pour­rait nous per­mettre de revi­si­ter tel­le­ment d’autres artistes », explique Clé­men­tine Brochet.

« On a tel­le­ment d’idées pour la suite ! », ren­ché­rit Tara Kar­mous. « Nous vou­lons aller encore plus loin, aller cher­cher d’autres artistes et poser plus de questions. »

Les consé­quences de — et les enjeux rela­tifs à — l’omniprésence des pla­te­formes sont aus­si abor­dés dans l’exposition. Zai­ra Zar­za affirme qu’elle est « une vitrine où l’on tente d’exposer les contrastes extra­or­di­naires entre nos espaces de tra­vails confor­tables et l’obsolescence pro­gram­mée de dis­po­si­tifs dont l’impact éco­lo­gique dévas­ta­teur doit tou­jours être souligné ».

Fré­dé­ric Bou­chard pré­cise pour sa part que L’espace des pla­te­formes « s’inscrit dans un pro­jet plus vaste qui com­prend diverses acti­vi­tés de rayon­ne­ment répar­ties sur l’année ». Une émis­sion de radio et un col­loque inter­na­tio­nal seront ain­si pré­sen­tés dans le cadre du pro­jet glo­bal Pla­te­formes et usages. Ciné­ma, télé­vi­sion, jeu vidéo et créa­tion numé­rique. Plu­sieurs groupes de recherche inter­dis­ci­pli­naires et inter­na­tio­naux sont par­te­naires de ce pro­jet, tels que le Labo Télé, le LabEx ICCA, cinEXmedia, le Groupe de recherche sur l’avènement et la for­ma­tion des iden­ti­tés média­tiques (GRAFIM), ou encore le Centre de recherche inter­uni­ver­si­taire sur les huma­ni­tés numé­riques (CRIHN).