Regroupant des présentations sur des sujets aussi variés que la médiation culturelle dans les cégeps, la représentation des enjeux de santé mentale ou le jeu vidéo thérapeutique, l’événement du 4 octobre dernier s’est révélé riche en apprentissages.
Hugo Jacquet
Le vendredi 4 octobre 2024, le partenariat cinEXmedia a présenté son premier colloque entièrement organisé par et pour des étudiant·es en médias audiovisuels, intitulé : « Contribuer au bien-être à l’ère des écrans : une approche intersectorielle entre les études cinématographiques, les sciences de la santé et les sciences sociales ». Le temps d’une journée, des apprenti·es chercheur·euses ont présenté un aperçu de leurs travaux et proposé des liens parfois surprenants entre les arts et les sciences de la santé.
La thématique du colloque s’inscrivait dans la droite ligne des axes de recherche de cinEXmedia, comme en a témoigné la communication de Marie-Josée Saint-Pierre, membre du partenariat et professeure à l’Université Laval. Seule intervenante non étudiante de l’événement, elle a ouvert le bal avec une communication centrée sur « les perspectives de la recherche-création collaborative ». La chercheuse a d’abord rappelé que tout travail de recherche est nécessairement élaboré à partir d’un « point de vue situé », lequel désigne la position sociale et historique particulière d’un·e individu·e ainsi que les biais qui peuvent influencer son travail.
Marie-Josée Saint-Pierre s’est ensuite intéressée aux « conditions de création » en contexte universitaire. Cette réflexion est née de ses interrogations envers sa propre pratique de documentariste : elle a en effet réalisé récemment Les infirmières de la folie (2022), un webdocumentaire portant sur le métier d’infirmière au Québec. À l’image de son film, les travaux de recherche-création doivent viser la production d’une œuvre offrant « la possibilité de participer à accroître les connaissances tout en se formant aux pratiques artisanales », a-t-elle souligné.
C’est justement ce que tente de faire Emily Landry-Lajoie, doctorante à l’Université de Montréal, qui a présenté ses travaux sur la scénarisation « à partir d’images psychiatriques ». L’étudiante souhaite proposer des représentations positives de troubles psychologiques au cinéma ; elle a ainsi dénoncé les pratiques actuelles, « qui perpétuent la stigmatisation et la désinformation ». Citant en exemple les films A Beautiful Mind (Ron Howard, 2001), Black Swan (Darren Aronofsky, 2010) et Silver Linings Playbook (David O. Russell, 2012), elle a déploré que le terme « folie » soit souvent repris au cinéma, amalgamant par le fait même une pléthore de symptômes sans correspondre à un véritable trouble de santé.
Soucieuse d’adopter des pratiques plus positives, la doctorante s’est d’ailleurs associée au Groupe de recherche sur la scénarisation de récits individuels de parcours psychiatriques transinstitutionnels (SCRIPPT), afin de mener des ateliers d’écriture scénaristique avec des professeur·es et des infirmier·ères volontaires. Il s’agit selon elle d’une opportunité lui permettant de réactualiser les discours sur la santé mentale et de sensibiliser les participant·es à des enjeux sociaux connexes par l’écriture de courts-métrages.
Accessibilité
Dans son discours d’ouverture, Maude Sills-Néron, doctorante responsable des affaires étudiantes de cinEXmedia, a quant à elle rappelé au public que les activités étudiantes du partenariat sont « l’occasion de tisser des liens entre le Laboratoire CinéMédias et la communauté universitaire ». « On a essayé de regrouper des thèmes plus généraux qui rejoignent les axes de recherche de cinEXmedia, étant donné que c’est le premier colloque que nous organisons, a-t-elle ajouté. Nous explorons la science des écrans, l’accessibilité et la représentativité des personnes malades. »
Maude Sills-Néron s’est d’ailleurs assurée de rendre les activités du colloque aussi accessibles que possible. L’événement, qui était diffusé en direct en ligne, était également sous-titré en direct pour les personnes qui le visionnaient en ligne et traduit par deux interprètes en langue des signes québécoise. « On élabore présentement un protocole interne qui nous permettra de déployer facilement des pratiques d’accessibilité dans nos activités », explique la chercheuse.
La mise en place de telles pratiques d’accessibilité a notamment été rendu possible grâce au soutien de la doctorante Lisa Mélinand, auxiliaire de recherche en accessibilité cinématographique et membre du comité des affaires étudiantes, ainsi que de Victoire Bajard, adjointe de recherche à la Chaire de recherche du Canada sur la citoyenneté culturelle des personnes sourdes et les pratiques d’équité culturelle.
Fort de la réussite de ce premier événement étudiant, le comité des affaires étudiantes ambitionne désormais d’outiller les étudiant·es désireux·ses de compléter leurs cours avec des formations gratuites. Trois ateliers de méthodologie sont prévus entre l’automne 2024 et l’hiver 2025. Deux d’entre eux ont déjà eu lieu, mais il est toujours possible d’assister à la formation du 10 février, qui portera sur les entretiens en vue de collectes de données auprès d’individus. Cette formation sera animée par Dany Guay-Bélanger, doctorant en études cinématographiques à l’Université de Montréal.