L’Observatoire du cinéma au Québec mène sa première grande campagne philanthropique pour pérenniser ses activités et élargir leur portée.
Olivier Du Ruisseau
Depuis son lancement en 2010, l’Observatoire du cinéma au Québec (OCQ) est devenu le principal organisme universitaire consacré à la diffusion, à l’analyse et à la promotion du cinéma d’ici. Pour la toute première fois, l’OCQ mène une vaste campagne philanthropique visant à étendre et à pérenniser ses activités, qui impliquent toujours la participation d’étudiant·es de l’Université de Montréal. Nous avons rencontré le directeur de l’organisme, Thomas Carrier-Lafleur, afin d’en savoir plus sur l’histoire de l’OCQ et de mettre en lumière son rôle crucial.
« Soutenir l’OCQ, c’est soutenir le cinéma québécois », lance d’emblée le chercheur, également directeur adjoint et coordonnateur de la recherche au Laboratoire CinéMédias. « En 15 ans, nous sommes devenus une vitrine essentielle pour les artisan·es de notre cinéma, grâce à de multiples projets : des projections et des classes de maître présentées tant sur le campus [de l’Université de Montréal] qu’en ligne, la production d’un balado, des ateliers dans des cégeps, la production d’une série télévisée, et j’en passe. C’est complètement inédit. »
Désormais une antenne du Laboratoire CinéMédias, l’OCQ est né en 2007, à l’initiative d’André Gaudreault, membre fondateur du laboratoire, et du cinéaste et producteur Denis Héroux (1940-2015), anciennement chargé de cours au Département d’histoire de l’art, de cinéma et des médias audiovisuels de l’Université de Montréal. L’une des premières activités de l’organisme a été, en 2010, le lancement de la série télévisée Au cœur du cinéma québécois. Celle-ci a été diffusée au Canal Savoir (aujourd’hui Savoir média) jusqu’à ce que sa production soit arrêtée en raison de la pandémie de COVID-19, en 2020.
Illustres invités
La série a été animée par Denis Héroux pendant quatre saisons, avant qu’Isabelle Raynauld, documentariste et co-directrice de cinEXmedia, reprenne le flambeau jusqu’en 2020. Elle présentait des entretiens avec des cinéastes ou d’autres artisan·es du cinéma québécois qui avaient lieu devant un public d’étudiant·es de l’Université de Montréal, sur le campus de l’université. L’OCQ a ainsi reçu plus de 200 invité·es, dont Denis Villeneuve, Xavier Dolan et Jean-Marc Vallée. D’autres professionnel·les du milieu y ont également pris part, dont le directeur de Médiafilm, Martin Bilodeau, l’ancienne directrice de Québec Cinéma, Ségolène Roederer, ou encore la productrice Denise Robert.
La réalisatrice Sophie Deraspe (Antigone, Bergers) a été invitée trois fois à l’OCQ, notamment dans le cadre de la série. « Participer à ces activités à titre de cinéaste invitée est toujours une expérience enrichissante à bien des égards, dit-elle. Il s’agit d’un lieu où les créateur·rices et leurs œuvres conservent un lien important avec les étudiant·es, les chercheur·ses et les universitaires. Ce rapport dans la profondeur et dans la durée m’apparaît incontournable dans une société qui valorise sa culture et son identité mouvantes. Le travail des artistes y est non seulement reconnu, mais aussi réfléchi dans toute sa complexité. »
Comme Thomas Carrier-Lafleur, la réalisatrice affirme que « les discussions stimulantes et les débats éclairés qui émergent de cet espace contribuent à nourrir la vitalité du cinéma québécois ». « J’ai été impressionnée par la qualité de l’organisation et la passion qui émane de chaque membre de l’équipe, ajoute la réalisatrice. Je suis reconnaissante d’avoir eu l’opportunité de contribuer à cet espace inspirant et dynamique. L’Observatoire du cinéma au Québec contribue véritablement à l’esprit créatif et vibrant de notre culture, et je suis impatiente de voir comment il continuera à façonner et à propulser notre cinéma. »
Projets d’avenir
Thomas Carrier-Lafleur estime qu’avec les 10 000 $ visés par cette campagne, l’OCQ pourrait moderniser son équipement et embaucher davantage d’étudiant·es. « Puisque notre émission à Savoir Média n’a pas été reconduite et que nous ne pouvons engager qu’un certain nombre d’étudiant·es à la fois, cela nous prend encore plusieurs mois pour diffuser les captations de nos événements. Avec cette enveloppe supplémentaire, les possibilités seraient quasi infinies : nous pourrions améliorer notre présence sur les réseaux sociaux, diffuser nos captations plus rapidement ou, pourquoi pas, lancer un nouveau balado, le tout en impliquant toujours plus d’étudiant·es dans nos projets. »
C’est d’ailleurs la participation active des étudiant·es de l’Université de Montréal aux activités de l’OCQ qui distingue cet organisme culturel des autres selon lui. « Les étudiant·es sont impliqué·es à tous les niveaux, dit-il. Non seulement il·elles assistent à nos classes de maîtres, mais il·elles sont consulté·es dans l’élaboration de notre programmation, embauché·es pour différents mandats techniques et parfois même soutenu·es financièrement dans leurs propres projets par l’OCQ. Par exemple, nous avons appuyé le festival étudiant Kinorino. Ces initiatives étudiantes sont au cœur de notre mission. »
L’Observatoire du cinéma au Québec permet, en outre, de familiariser la communauté étudiante avec le milieu culturel montréalais. Depuis ses débuts, l’organisme propose des projections et des classes de maître en collaboration avec des festivals d'ici, dont le Festival du nouveau cinéma (FNC) et les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). En 2023, les films Éloge de l’ombre, de Catherine Martin, et V F C, de Charles-Stéphane Roy, ont été respectivement présentés lors des RIDM et du FNC. Cette année, l’OCQ a coprésenté Les yeux ne font pas le regard, de Simon Plouffe, aux RIDM.
Qui plus est, un nombre croissant d’événements de l’OCQ est réalisé en collaboration avec le milieu de la recherche. À l’automne 2024, des projections du projet Cadavre Exquis, qui vise à revaloriser la collection de films 16 mm de l’Université de Montréal, ont par exemple été présentés dans le cadre de la programmation régulière de l’OCQ.
Pour toutes ces raisons, André Gaudreault indique, par voie de communiqué, que les dons à la campagne de l’OCQ permettront de « continuer à offrir des ressources et des espaces de dialogue indispensables aux cinéphiles, aux artistes émergent·es et aux étudiant·es passionné·es par le monde du cinéma et des médias ». « Ensemble, conclut-il, faisons en sorte que le cinéma québécois continue de briller et d’inspirer les générations futures. »
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