La doctorante travaille également sur un projet de recherche-création dans le cadre duquel elle intègre des notions de neurosciences à un scénario de long-métrage.
Olivier Du Ruisseau
Maude Sills-Néron, doctorante en études cinématographiques à l’Université de Montréal, s’est récemment jointe à l’équipe de cinEXmedia à titre de responsable des affaires étudiantes. Avec l’ouverture de ce nouveau poste, le partenariat souhaite initier la communauté étudiante montréalaise à sa recherche intersectorielle et rassembler des étudiant·es de tous horizons qui travaillent sur des projets connexes.
« On cherche à développer des activités en lien avec la perception du cinéma, avec l’étude scientifique de l’expérience cinématographique, explique la doctorante. On va donc essayer d’implanter notre vision des études cinématographiques, c’est-à-dire une vision plus scientifique et intersectorielle, en lien avec les neurosciences ou la matérialité du cinéma, par exemple. »
Puisque Maude Sills-Néron vient d’arriver en poste, le calendrier des activités de l'automne prochain n’est pas encore prêt. « Mais on sait déjà qu’on va organiser un “média-club” cet été, et qu’on va offrir des formations sur la recherche-création ou des thèmes connexes aux axes de recherche de cinEXmedia à l’automne, poursuit-elle. Nous allons d’ailleurs commencer les activités du média-club par une discussion sur les questions de représentation et la notion d’accessibilité dans la série australienne Hartley, cœur à vif » le 27 juin, sur le campus.
« On veut aussi mettre des étudiant·es en relation avec des scientifiques qui travaillent avec des cinéastes et des chercheur·euses. Je pense à Santiago Hidalgo, directeur exécutif de cinEXmedia, qui collabore avec des chercheur·euses du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. C’est important de montrer que ce type de recherche est possible, que ce soit à travers des formations ou des visites en laboratoire. »
Recherche-création
Maude Sills-Néron a très à cœur l’approche intersectorielle de cinEXmedia, puisqu’elle intègre elle-même des notions de neurosciences à l’écriture d’un scénario de long-métrage, dans le cadre de son doctorat en recherche-création, sous la direction d’Isabelle Raynauld.
« C’est l’histoire d’une biologiste qui souffre d’une maladie non identifiée lui causant des épisodes de grande fatigue et des douleurs chroniques, dit-elle. Un jour, elle tente une expérience de biohacking sur elle-même, où elle ingère un parasite dans l’espoir de guérir. Au début, ça va beaucoup l’aider, elle va se sentir comme une surhumaine. Mais peu de temps après, elle va perdre toutes ses perceptions. Elle ne saura plus où son corps se trouve dans l’espace et elle ne saura plus comment contrôler ses mouvements. Elle aura ensuite toutes sortes d’hallucinations. »
La doctorante compte « communiquer les affects de ce personnage-là. Le parasite va interagir avec ses circuits neuronaux. Je souhaite donc me baser sur des études en neurosciences pour pouvoir démontrer comment il va agir, mais aussi pour mettre en mots et en images l’empathie affective. Par exemple, mon personnage va vivre des situations de surcharge d’attention, de surcharge cognitive – des stress physiques qui peuvent être difficiles à cerner. C’est pourquoi je dois baser mon écriture sur des données scientifiques. »
Pour ce faire, elle compte notamment mener des entrevues auprès de scientifiques. Elle n’a pas encore choisi toutes ses sources, mais elle sait déjà qu’elle rencontrera des chercheur·euses du Brams, le Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son, affilié à l’Université McGill et à l’Université de Montréal.
Par ailleurs, dans le cadre de son doctorat, elle n’écrit que le scénario, mais elle n’exclut pas de faire produire le film un jour : « Ce projet serait idéal pour une maison de production spécialisée en recherche-création, étant donné sa nature très expérimentale – on met en images des phénomènes neuroscientifiques complexes. Pour l’instant, j’ai encore quelques années de travail devant moi, à commencer par mon examen de synthèse qui aura lieu cet été. »