Le cycle de pro­jec­tions et de dis­cus­sions Le ciné­ma au-delà des fron­tières, orga­ni­sé dans le cadre des acti­vi­tés du Groupe de recherche sur l’avènement et la for­ma­tion des iden­ti­tés média­tiques (GRAFIM) et du par­te­na­riat cinEXmedia, vise à créer un espace de réflexion et de dis­cus­sion autour des thèmes de l’équité, de la déco­lo­nia­li­té et de l’accessibilité envi­sa­gés du point de vue des études cinématographiques. 

Que ce soit par leur pré­sen­ta­tion d’œuvres ciné­ma­to­gra­phiques abor­dant les thèmes de l’immigration ou du déra­ci­ne­ment, par leur valo­ri­sa­tion de pro­duc­tions issues de cinéastes migrant·es qui remettent en ques­tion la notion de ciné­ma « natio­nal » ou encore par leur mise en lumière d’autres fron­tières, réelles ou sym­bo­liques, comme celles qui limitent l’accès à l’industrie du ciné­ma ou à l’expérience ciné­ma­to­gra­phique, ce cycle se veut un espace d’échange per­met­tant de réflé­chir aux enjeux cru­ciaux de la socié­té actuelle par le biais d’un inté­rêt pour des expé­riences ciné­ma­to­gra­phiques variées. Les pro­jec­tions qui forment le cycle ont été envi­sa­gées comme des occa­sions de sen­si­bi­li­ser la com­mu­nau­té uni­ver­si­taire à une pen­sée du ciné­ma comme un milieu contri­buant à la construc­tion de rela­tions sociales et par­ti­ci­pant à la repré­sen­ta­tion d’identités mul­tiples, dépla­cées, frag­men­taires ain­si qu’à la mise en lumière des liens qui se tissent entre elles. Toutes les pro­jec­tions seront sui­vies de dis­cus­sions avec leurs réalisateur·rices. Des confé­rences avec des expert·es du sec­teur de l’industrie audio­vi­suelle per­met­tront éga­le­ment d’aborder des thèmes plus spé­ci­fiques liés aux pro­fes­sions du domaine ciné­ma­to­gra­phique et aux enjeux éco­no­miques inhé­rents au finan­ce­ment et à la pro­duc­tion de films. 

La pro­gram­ma­tion 2023-2024, coor­ga­ni­sée par Clau­dia Pol­le­dri, Zai­ra Zar­za et San­tia­go Hidal­go, débu­te­ra le 8 novembre avec la pro­jec­tion du film Car­pin­te­ros (José María Cabral, 2017), un drame car­cé­ral tour­né dans la pri­son de Najayo, en Répu­blique domi­ni­caine. En plus de témoi­gner du sexisme et de la vio­lence de ce milieu, le film montre comme la langue des signes uti­li­sée par les pro­ta­go­nistes leur per­met de contour­ner les obs­tacles propres à cet envi­ron­ne­ment en leur don­nant accès à un nou­vel espace de com­mu­ni­ca­tion. Le 15 novembre, la pro­jec­tion du film Coyote (Kathe­rine Jer­ko­vic, 2022) met­tra en lumière les drames et les dif­fi­cul­tés liés à l’expérience de l’immigration au Qué­bec telle que vécue par des immi­grantes d’origine mexicaine. 

Les films de Nour Ouay­da, One Sea – 10 Seas (2019) (عشرة بحور وبحر واحد) et Le jar­din secret 2023 (الحديقة السريّة), qui seront pro­je­tés le 28 novembre lors d’une séance orga­ni­sée conjoin­te­ment avec l’Observatoire du ciné­ma au Qué­bec, nous mène­ront quant à eux dans un cadre géo­gra­phique et dans un registre sty­lis­tique dif­fé­rent. Les fron­tières explo­rées par ces films, notam­ment dans Le jar­din secret, sont en effet celles sub­tiles et poreuses qui se situent entre le fami­lier et l’étrange, le réel et le monde des mys­tères et de la magie, où les plantes, les arbres et les fleurs offrent un regard nou­veau et inat­ten­du sur la ville de Bey­routh, au Liban. L’intérêt du film pour cer­tains lieux de la ville — par­fois inac­ces­sibles — et son rap­port aux plantes, par exemple à tra­vers l’herbier, qui est une trace de la clas­si­fi­ca­tion menée à l’époque colo­niale, évoquent sym­bo­li­que­ment d’autres fron­tières et la vio­lence qui les a traversées.

La séance du 2 avril pro­longe la réflexion sur le thème de l’immigration avec le film A media voz (Hei­di Has­san et Patri­cia Pérez Fernán­dez, 2019), une cor­res­pon­dance fil­mique auto­bio­gra­phique entre deux cinéastes cubaines en exil, l’une en Espagne et l’autre en Suisse, qui aborde les thèmes du déra­ci­ne­ment, de la mater­ni­té et de la créa­tion selon une double pers­pec­tive, issue de regards croi­sés depuis Cuba et l’Europe, et qui forme, par le fait même, un dia­logue sen­sible et pas­sion­nant. Enfin, le 21 mars nous aurons le plai­sir d’accueillir Danie­la Muji­ca, pro­duc­trice pri­mée au TIFF et aux prix Gémeaux, qui pré­sen­te­ra une confé­rence inti­tu­lée L'inclusion et la diver­si­té dans les indus­tries audio­vi­suelles ? Les défis et la via­bi­li­té autour du finan­ce­ment et de la pro­duc­tion. Celle-ci sera l’occasion de réflé­chir de manière plus concrète aux enjeux liés à l’inclusion et à la diver­si­té dans l’accès aux métiers du ciné­ma au Québec.