Le 9 mai 2025, dans le cadre du 92e congrès de l’Acfas, le partenariat présentera un colloque sur l’impact des écrans et des contenus audiovisuels sur le sommeil et les rêves.

Olivier Du Ruisseau
Cette année, le partenariat cinEXmedia multiplie les projets intersectoriels visant à étudier l’influence des films et des écrans sur le sommeil et les rêves. Le colloque « S’endormir en images : l’impact des contenus audiovisuels sur le sommeil et les rêves », présenté le 9 mai prochain à l’École de technologie supérieure (ÉTS), dans le cadre de la 92e édition du congrès de l’Acfas, consolidera cette orientation et mettra en lumière les travaux en cours.
Ce sont Santiago Hidalgo, directeur de cinEXmedia, Thomas Carrier-Lafleur, directeur adjoint et coordonnateur de la recherche au Laboratoire CinéMédias, ainsi que Marie-Josée Saint-Pierre, cochercheuse du partenariat et professeure à l’Université Laval, qui forment le comité organisateur de l’événement.
« Notre objectif n’est pas de présenter des recherches achevées, mais de cartographier un nouveau champ d’études auquel de plus en plus de chercheur·ses s’intéressent, explique Thomas Carrier-Lafleur. Au moment de la fondation de cinEXmedia, nous ne pensions pas que le sommeil deviendrait l’un de nos thèmes de prédilection, mais nos collaborations récentes avec Antonio Zadra (Département de psychologie, UdeM) et Michelle Carr (Faculté de médecine, UdeM) nous ont menés dans cette direction. »
Le premier segment du colloque fera office de vitrine pour ces recherches à la croisée des études cinématographiques et de celles sur le sommeil et les rêves. Santiago Hidalgo ouvrira le bal avec une présentation intitulée « Rêve-t-on en Technicolor ? Perméabilité des rêves et prégnance de la culture médiatique dans les rapports de rêve », dans laquelle il s’intéressera à la manière dont les rêves sont parfois décrits, en contexte clinique, à l’aide d’un vocabulaire révélant les influences cinématographiques et le bagage culturel des patient·es. Pauline Sarrazy, doctorante à l’Université de Montréal et membre du comité de coordination, suivra avec une intervention sur les rapports de rêve, qu’elle compare à des scénarios de films, envisagés du point de vue de la narration. Enfin, les doctorant·es Ajar Diushekeeva et Anthony Levasseur, qui poursuivent respectivement des études en cinéma et en médecine du sommeil à l’Université de Montréal, viendront clore cette section avec leurs perspectives croisées, entre création artistique et sciences de la santé.
Recherche-création
Marie-Josée Saint-Pierre est responsable du volet recherche-création du colloque. « Nous étions très heureux de pouvoir compter sur son expertise, car elle réalise depuis plusieurs années des documentaires et des films d’animation », souligne Thomas Carrier-Lafleur. Avec deux étudiantes de l’Université Laval, elle explorera diverses approches de transposition des rêves dans le cinéma d’animation et dans les œuvres réalisées par le biais de l’intelligence artificielle.
Thomas Carrier-Lafleur animera également une discussion entre les cinéastes Félix Dufour-Laperrière et Philippe Lambert sur la place du rêve dans leur processus de création, tant sur les plans narratif que visuel et sonore. Enfin, une table ronde sera animée par André Habib, cochercheur de cinEXmedia, avec Santiago Hidalgo, Marie-Josée Saint-Pierre et la professeure de communication à l’Université de Montréal Aleksandra Kaminska. Les panelistes discuteront de « la manière dont le cinéma s’approprie la logique du rêve et de l’influence des images filmiques sur notre imaginaire nocturne », précise le chercheur.
INCA : un nouveau partenaire
Ce colloque offrira une vue d’ensemble des récents travaux de cinEXmedia qui traitent de sujets connexes. En janvier dernier, par exemple, nous nous étions entretenus avec Antonio Zadra au sujet de son étude en trois volets, dont l’un porte sur l’analyse de rapports de rêves écrits afin de déterminer dans quelle mesure le langage cinématographique façonne la mémoire onirique. Les deux autres volets de son projet examinent plus directement l’impact des contenus audiovisuels sur la qualité du sommeil et des rêves.
Une nouvelle collaboration avec l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA) marque une autre avancée. Dans la continuité de l’axe « cinéma inclusif » de cinEXmedia, ce projet vise à mieux comprendre comment les personnes aveugles rêvent, et comment le langage cinématographique peut influencer leurs expériences oniriques, même sans vision directe. « Certaines personnes non voyantes font l’expérience de contenus audiovisuels d’une manière ou d’une autre, notamment avec l’aide de la vidéodescription, et il est fascinant d’explorer comment ces éléments se traduisent dans leurs rêves », résume Thomas Carrier-Lafleur.
L’étude comprendra des tests cliniques incluant des séances de visionnement, après lesquelles les participant·es devront décrire leurs rêves par écrit. Un volet de recherche-création est également prévu : des étudiant·es utiliseront les données récoltées « pour recréer visuellement l’expérience du rêve à travers des courts métrages expérimentaux », précise le chercheur.
Ce colloque présenté dans le cadre du congrès de l’Acfas vise ainsi non seulement à mettre en lumière les recherches actuelles liant cinéma et sommeil, mais aussi à ouvrir un espace de réflexion sur les pistes à explorer dans ce champ émergent.