« Les archives du cinéma créent du cinéma »
Symposium du Congrès annuel de la Fédération internationale des archives du film (FIAF)
Lundi 28 et mardi 29 avril 2025, à la Cinémathèque québécoise (Montréal)
Dès les années 1960, l’historien du cinéma et cinéaste Jay Leyda rappelait que de longue date, les cinéastes ont puisé leur inspiration dans les fonds d’archives d’images en mouvement, en réagençant ces images et en contribuant de la sorte au travail historiographique du cinéma. La réutilisation, à des fins documentaires, à l'intérieur de nouvelles créations, ou dans une perspective expérimentale des images d’archives a en effet permis — et particulièrement depuis les années 70 — des redécouvertes significatives, des réévaluations de corpus (le cinéma des premiers temps, le cinéma scientifique, le film de famille, le cinéma militant, cinéma queer) et contribué à de nouvelles initiatives de préservation et de collaborations entre chercheur·euse·s, artistes et archivistes. Faire le récit d’une époque, assembler des fragments de films décomposés, proposer des nouvelles séries discursives ou des révisions politiques sont autant de modalité de réutilisation d’images d’archives, qui exhument le temps passé et en libèrent le potentiel enfoui.
La rencontre avec les images du passé se compose surtout comme une traversée temporelle, comme la construction d'une relation entre nous et l'abîme qui nous sépare de notre histoire. Il s'agit alors d'une expérience de création de temps et mémoire par des images peuplées de fantômes, c'est-à-dire de corps, gestes et intentions venus du passé. Pourtant, même si leur origine peut être lointaine, ces fantômes sont des éléments présents encore : ils sont ici et maintenant, dans les archives. Ils nous regardent encore. Le remploi de ce patrimoine en film formule une autre relation avec ce que nous voyons, réinvente le temps et la mémoire pour recréer le cinéma, sans jamais oublier son histoire. Il s'agit d'accéder au noyau vivant de l'expérience cinématographique.
Le présent symposium sera tout à la fois une occasion de recenser les divers types d’approches qui caractérisent cette pratique du réemploi ou du « film artistique d’archive » (travail sur le contexte social, sur des enjeux géopolitiques pluriels, mais aussi sur la matérialité de l’image, la dégradation du médium, la multiplicité des formats comme marqueurs de leurs temps, etc.) et de réfléchir au rôle que peuvent jouer les cinémathèques, ainsi que les archives film et non-film dans un contexte de création. Celles-ci se positionnent en effet très couramment aux confluents de la conservation, de la restitution-exhumation des films et de l’accompagnement du travail créateur.
Sont attendues des propositions portant sur les thèmes suivants, sans toutefois s'y limiter :
- Retour sur l’histoire des premiers films de compilation consacrés aux premières décennies du cinéma
- Histoires et modes du cinéma de réemploi
- Collaborations entre archivistes, artistes et cinéastes
- Discours d’artistes et cinéastes sur les archives du cinéma
- Réemploi des archives : détournement ou révision des images ?
- La colorisation, manipulation et recréation des archives : geste artistique, pratique historienne ou obscénité ?
- Redécouverte de fonds d’archives méconnus par des cinéastes qui en entraînent la découvrabilité
- Les archives issues du Sud global à l’aune des pratiques de réemploi
(Liste non exhaustive)
Comment postuler
Les personnes intéressées sont invitées à remplir le formulaire en ligne avant le 5 décembre 2025. Le Comité scientifique du Symposium annoncera la sélection finale des interventions retenues pour le Symposium le 31 janvier 2025. Toute question ou commentaire doivent être adressés par courriel à fiaf2025@cinematheque.qc.ca.
Les propositions doivent être rédigées dans l'une des trois langues du Symposium (anglais, français ou espagnol). Merci d’indiquer également dans quelle langue se déroulera la présentation ou le panel proposé.
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Pour en savoir plus, consultez la page de l’appel à contributions sur le site Web de la FIAF.
Coordonnateur : Guillaume Lafleur, directeur de la diffusion et de la programmation, Cinémathèque québécoise