Mardi 18 mai | Entre néantisation, disparition et absorption : les conditions paradoxales de l’immersion
Comme le précise l’appel à communications du présent colloque, l’immersion est une notion plurielle. Il est, en effet, mille et une façons de la définir (au fil des lectures, on finit même par s’apercevoir que l’immersion correspond souvent à tout et à son contraire), mais il ne faut pas se raconter d’histoire (ou peut-être que si !), il y a aussi, il est vrai, mille et un types d’immersion. Quelle que soit cependant la définition qu’on en donne, l’immersion au cinéma n’en reste pas moins un phénomène avant tout paradoxal : ainsi, même si elle peut être considérée comme un ajout (à titre de « valeur ajoutée »), l’immersion pose néanmoins comme toute première condition essentielle une part d’oubli, d’évanouissement et d’escamotage. Une part de soustraction, donc. Le processus d’immersion ne peut en effet s’engager sans l’enclenchement préalable d’un processus de néantisation (celui du monde), de disparition (celui du dispositif) et, à la fois, d’absorption (celui de l’instance spectatorielle). Avec l’immersion, il y aurait donc cet apparent paradoxe qui voudrait que, pour qu’il y ait épreuve du plus, il faut d’abord qu’il y ait épreuve du moins. Ne faut-il pas effectivement, pour réussir à s’engager dans l’immersion, entreprendre d’abord de se désengager d’une part des contraintes de l’univers des écrans ? Se désengager de ceci et de cela, comme on verra, mais surtout se soustraire à la dictature du cadre, comme dirait Iñárritu, ou à sa très grande tyrannie, comme le suggère Greenaway.