Enseigner le cinéma expérimental et l’art vidéo aux jeunes. Deux exemples inspirants
« Il y a presque 10 ans, j’enseignais pour la première fois le cinéma expérimental et l’art vidéo à l’Université de Montréal. Craignant le désintérêt, voire l’ennui de mes groupes pour ce genre cinématographique en apparence « difficile », j’ai d’emblée décidé de proposer à mes étudiants d’envisager ces productions marginales pour ce qu’elles sont : des œuvres d’art contemporaines. Comme en témoigne l’histoire ; des rotoreliefs filmés de Marcel Duchamp (Anémic Cinéma1, 1926), en passant par les Screen Tests2 de Warhol (1964-1966), jusqu’aux projections percutantes de Shirin Neshat (Turbulent3, 1998), le cinéma expérimental et l’art vidéo ne sont pas des produits de grands studios, mais bien d’ateliers d’artistes. Dans cette perspective, mon approche pédagogique a favorisé la prise de conscience des sensations provoquées par les images et le son plutôt que la recherche de sens. La démarche de l’artiste et ses expérimentations techniques ont occupé autant de réflexion dans nos discussions que le produit final. L’absence de récit n’a plus été synonyme de déroute, mais une exploration formelle du mouvement et de la lumière. Libérés de l’impossible question « Qu’est-ce que ça veut dire ? », nous avons pu nous interroger sur le comment et le pourquoi et surtout sur notre réception subjective de ces films. »