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18/05/2021 - Une conférence d'André Gaudreault dans le cadre du colloque international Beauviatech « De l’immersion au cinéma »

Mardi 18 mai | Entre néantisation, disparition et absorption : les conditions paradoxales de l’immersion

Comme le pré­cise l’appel à com­mu­ni­ca­tions du pré­sent col­loque, l’immersion est une notion plu­rielle. Il est, en effet, mille et une façons de la défi­nir (au fil des lec­tures, on finit même par s’apercevoir que l’immersion cor­res­pond sou­vent à tout et à son contraire), mais il ne faut pas se racon­ter d’histoire (ou peut-être que si !), il y a aus­si, il est vrai, mille et un types d’immersion. Quelle que soit cepen­dant la défi­ni­tion qu’on en donne, l’immersion au ciné­ma n’en reste pas moins un phé­no­mène avant tout para­doxal : ain­si, même si elle peut être consi­dé­rée comme un ajout (à titre de « valeur ajou­tée »), l’immersion pose néan­moins comme toute pre­mière condi­tion essen­tielle une part d’oubli, d’évanouissement et d’escamotage. Une part de sous­trac­tion, donc. Le pro­ces­sus d’immersion ne peut en effet s’engager sans l’enclenchement préa­lable d’un pro­ces­sus de néan­ti­sa­tion (celui du monde), de dis­pa­ri­tion (celui du dis­po­si­tif) et, à la fois, d’absorption (celui de l’instance spec­ta­to­rielle). Avec l’immersion, il y aurait donc cet appa­rent para­doxe qui vou­drait que, pour qu’il y ait épreuve du plus, il faut d’abord qu’il y ait épreuve du moins. Ne faut-il pas effec­ti­ve­ment, pour réus­sir à s’enga­ger dans l’immersion, entre­prendre d’abord de se désen­ga­ger d’une part des contraintes de l’univers des écrans ? Se désen­ga­ger de ceci et de cela, comme on ver­ra, mais sur­tout se sous­traire à la dic­ta­ture du cadre, comme dirait Iñár­ri­tu, ou à sa très grande tyran­nie, comme le sug­gère Greenaway.

 Image : Les Cara­bi­niers, Jean-Luc Godard, 1963