Portrait : Maxime Michaud transpose l’hypersensibilité dans un documentaire expérimental

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Le doc­to­rant en com­mu­ni­ca­tion à l’UQAM pour­suit une tra­jec­toire de cher­cheur-créa­teur qui l’amène notam­ment à recueillir des don­nées élec­troen­cé­pha­lo­gra­phiques sur sa propre expé­rience de spec­ta­teur en salle de cinéma.

Pho­to : Cour­toi­sie de Maxime Michaud | Maxime Michaud

Le par­te­na­riat cinEXmedia mène plu­sieurs pro­jets d’étude sur les pro­duc­tions audio­vi­suelles à tra­vers le prisme des neu­ros­ciences. Mais peu de chercheur·euses se servent de notions neu­ros­cien­ti­fiques pour réa­li­ser des films. C’est pour­tant ce que tente de faire le doc­to­rant en com­mu­ni­ca­tion à l’Université du Qué­bec à Mont­réal (UQAM), Maxime Michaud, sous la direc­tion de Diane Poi­tras et Louis-Claude Paquin, dans une démarche de recherche-créa­tion novatrice.

Le pro­jet doc­to­ral de Maxime Michaud, déten­teur d’une maî­trise en recherche-créa­tion en média expé­ri­men­tal à l’UQAM, vise à trans­po­ser les expé­riences vécues de per­sonnes hyper­sen­sibles, une condi­tion à laquelle il est lui-même confron­té, sous la forme d’un docu­men­taire expé­ri­men­tal. Sou­hai­tant évi­ter les « méthodes des­crip­tives ou infor­ma­tives » conven­tion­nelles, tout en amal­ga­mant dif­fé­rents témoi­gnages pour nuan­cer son trai­te­ment de cette condi­tion par­ti­cu­lière, il dit vou­loir adop­ter une « forme poé­tique et sensorielle ».

Son pro­jet sera donc à la fois nour­ri par sa pra­tique dans le milieu du ciné­ma et par ses recherches en neu­ros­ciences. En vue d’un article qu’il rédige pré­sen­te­ment, le doc­to­rant mène d’ailleurs déjà des expé­ri­men­ta­tions sur sa propre expé­rience de spec­ta­teur en salle de ciné­ma, en recueillant des don­nées élec­troen­cé­pha­lo­gra­phiques – une approche simi­laire à d’autre études menées par le par­te­na­riat cinEXmedia, notam­ment avec le Centre de recherche de l’Institut uni­ver­si­taire de géria­trie de Mont­réal (CRIUGM).

Le doc­to­rant adopte ain­si une métho­do­lo­gie mixte, à la fois quan­ti­ta­tive (récolte de don­nées phy­sio­lo­giques, telles que les ondes céré­brales et la varia­bi­li­té du rythme car­diaque, afin de géné­rer des visuels et sons évo­quant ou rat­ta­chés à des états sen­so­riels) et qua­li­ta­tive (entre­vues ouvertes et sub­jec­tives sur le res­sen­ti), qui s’appuie évi­dem­ment aus­si sur une recherche docu­men­taire clas­sique (lit­té­ra­ture scientifique).

« Le ciné­ma est pour tout le monde »

Maxime Michaud tente d’évaluer les effets de don­nées visuelles et sonores sur des indi­vi­dus hyper­sen­sibles. Il cherche aus­si à mettre au point des séquences expé­ri­men­tales ciné­ma­to­gra­phiques favo­ri­sant une com­pré­hen­sion et une mise en forme de l’hypersensibilité telle qu’elle peut être vécue par les participant·es de ses expériences.

Dans le cadre de ses recherches sur l’expérience ciné­ma­to­gra­phique, le doc­to­rant pro­cède ain­si, lors de pro­jec­tions, à des élec­troen­cé­pha­lo­grammes (dont il devient par­fois lui-même le sujet), les­quels lui per­mettent de tes­ter dif­fé­rentes salles de ciné­ma et dif­fé­rents types de films. « L’activité céré­brale lors du vision­ne­ment d’un film peut être influen­cée par plu­sieurs fac­teurs », explique-t-il. Il men­tionne entre autres la pré­sence du public et les bruits que celui-ci peut engen­drer ; le sup­port tech­nique de la pro­jec­tion ; les incon­forts phy­siques que l’on peut res­sen­tir au moment du vision­ne­ment ou encore la dis­po­si­tion des sièges dans la salle.

En plus de rédi­ger un article qui sera basé sur les don­nées élec­troen­cé­pha­lo­gra­phiques tirées de ses vision­ne­ments, Maxime Michaud codi­rige actuel­le­ment un dos­sier pour la revue CiNé­MAS inti­tu­lé « Sen­so­ria­li­tés : diver­si­té capa­ci­taire et ciné­ma ». Tous ses pro­jets sont ain­si moti­vés par sa phi­lo­so­phie, selon laquelle « le ciné­ma est pour tout le monde ». « C’est un média qui s’inscrit dans le monde et qui concerne tout le monde », conclut le doctorant.