Le doctorant en communication à l’UQAM poursuit une trajectoire de chercheur-créateur qui l’amène notamment à recueillir des données électroencéphalographiques sur sa propre expérience de spectateur en salle de cinéma.
Sophie Leclair-Tremblay
Le partenariat cinEXmedia mène plusieurs projets d’étude sur les productions audiovisuelles à travers le prisme des neurosciences. Mais peu de chercheur·euses se servent de notions neuroscientifiques pour réaliser des films. C’est pourtant ce que tente de faire le doctorant en communication à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Maxime Michaud, sous la direction de Diane Poitras et Louis-Claude Paquin, dans une démarche de recherche-création novatrice.
Le projet doctoral de Maxime Michaud, détenteur d’une maîtrise en recherche-création en média expérimental à l’UQAM, vise à transposer les expériences vécues de personnes hypersensibles, une condition à laquelle il est lui-même confronté, sous la forme d’un documentaire expérimental. Souhaitant éviter les « méthodes descriptives ou informatives » conventionnelles, tout en amalgamant différents témoignages pour nuancer son traitement de cette condition particulière, il dit vouloir adopter une « forme poétique et sensorielle ».
Son projet sera donc à la fois nourri par sa pratique dans le milieu du cinéma et par ses recherches en neurosciences. En vue d’un article qu’il rédige présentement, le doctorant mène d’ailleurs déjà des expérimentations sur sa propre expérience de spectateur en salle de cinéma, en recueillant des données électroencéphalographiques – une approche similaire à d’autre études menées par le partenariat cinEXmedia, notamment avec le Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM).
Le doctorant adopte ainsi une méthodologie mixte, à la fois quantitative (récolte de données physiologiques, telles que les ondes cérébrales et la variabilité du rythme cardiaque, afin de générer des visuels et sons évoquant ou rattachés à des états sensoriels) et qualitative (entrevues ouvertes et subjectives sur le ressenti), qui s’appuie évidemment aussi sur une recherche documentaire classique (littérature scientifique).
« Le cinéma est pour tout le monde »
Maxime Michaud tente d’évaluer les effets de données visuelles et sonores sur des individus hypersensibles. Il cherche aussi à mettre au point des séquences expérimentales cinématographiques favorisant une compréhension et une mise en forme de l’hypersensibilité telle qu’elle peut être vécue par les participant·es de ses expériences.
Dans le cadre de ses recherches sur l’expérience cinématographique, le doctorant procède ainsi, lors de projections, à des électroencéphalogrammes (dont il devient parfois lui-même le sujet), lesquels lui permettent de tester différentes salles de cinéma et différents types de films. « L’activité cérébrale lors du visionnement d’un film peut être influencée par plusieurs facteurs », explique-t-il. Il mentionne entre autres la présence du public et les bruits que celui-ci peut engendrer ; le support technique de la projection ; les inconforts physiques que l’on peut ressentir au moment du visionnement ou encore la disposition des sièges dans la salle.
En plus de rédiger un article qui sera basé sur les données électroencéphalographiques tirées de ses visionnements, Maxime Michaud codirige actuellement un dossier pour la revue CiNéMAS intitulé « Sensorialités : diversité capacitaire et cinéma ». Tous ses projets sont ainsi motivés par sa philosophie, selon laquelle « le cinéma est pour tout le monde ». « C’est un média qui s’inscrit dans le monde et qui concerne tout le monde », conclut le doctorant.