Journées d’étude sur le cinéma scientifique : le cinéma qui documente la science et nourrit la création

Coor­ga­ni­sées par le par­te­na­riat cinEXmedia, ces deux jour­nées d’étude réunis­saient des invité·es de divers hori­zons et mar­quaient l’aboutissement du cycle de pro­jec­tions du pro­jet Cadavre Exquis.

Pho­to : cour­toi­sie de Cadavre Exquis | Une image tirée du film Aux sources de la vie (Père Venance, 1953)

Les 25 et 26 avril 2025, l’Université de Mont­réal (UdeM) accueillait les jour­nées d’étude « L’art du ciné­ma scien­ti­fique : archives, dis­po­si­tif, spec­tacle ». Coor­ga­ni­sées par le Labo­ra­toire Ciné­Mé­dias, la revue Hors champ, le par­te­na­riat cinEXmedia, le Centre de recherche inter­uni­ver­si­taire sur la lit­té­ra­ture et la culture au Qué­bec (CRILCQ), la Biblio­thèque des lettres et sciences ain­si que la Divi­sion des archives et de la ges­tion de l’information humaines (DAGI) de l’université, elles ont réuni des dizaines de chercheur·ses du Qué­bec et de l’étranger autour du poten­tiel du ciné­ma scien­ti­fique pour la recherche et la création.

Fortes de leur comi­té orga­ni­sa­teur aux exper­tises variées, com­po­sé de Miche­line Cam­bron (CRILCQ, UdeM), Nino Gabriel­li (CRILCQ, UdeM), Alek­san­dra Kamins­ka (UdeM), André Habib (UdeM), Louis Pel­le­tier (UdeM) et Annaëlle Winand (UdeM), ces deux jour­nées ont per­mis de croi­ser dif­fé­rents champs d’expertise : y ont été abor­dés tant la pro­gram­ma­tion et le remon­tage d’archives que les expé­ri­men­ta­tions esthé­tiques à par­tir de films sur pel­li­cule et la médiation.

Dans son dis­cours d’ouverture, André Habib, cocher­cheur membre de cinEXmedia, a éga­le­ment rap­pe­lé que ces jour­nées mar­quaient l’aboutissement du cycle de pro­jec­tions du pro­jet Cadavre Exquis, consa­cré à la reva­lo­ri­sa­tion de la col­lec­tion de films 16 mm de l’Université de Mont­réal. « Nous avons orga­ni­sé des séances de vision­ne­ment, quelques per­for­mances, pro­duit des films de remon­tage et des textes poé­tiques, mais le volet le plus ambi­tieux demeure notre site Web, où une cen­taine de films seront mis en ligne plus tard cette année. » Rap­pe­lons que les pro­jec­tions de Cadavre Exquis étaient copré­sen­tées par cinEXmedia et le Labo­ra­toire CinéMédias.

Pho­to : cour­toi­sie de Cadavre Exquis | Une image tirée du film Arti­cu­la­to­ry habits in French and English (Gil­bert Tag­gart, 1975)

Dimen­sions déma­go­giques, esthé­tiques et poli­tiques des archives

La pre­mière com­mu­ni­ca­tion au pro­gramme était celle de Charles Acland, pro­fes­seur à l’Université Concor­dia. Il a pré­sen­té le court métrage Arti­cu­la­to­ry Habits in French and English (Gil­bert C. Tag­gart, 1975). D’une durée de onze minutes, ce der­nier explore l’apprentissage du lan­gage chez des locuteur·rices oscil­lant entre le fran­çais et l’anglais. La confé­rence de M. Acland élar­gis­sait la réflexion en s’intéressant à la manière dont divers outils tech­no­lo­giques ont contri­bué à la lin­guis­tique et à l’apprentissage des langues dans le der­nier siècle.

Elyse Sin­ger, pro­fes­seure à la Tisch School of the Arts (New York Uni­ver­si­ty) a ensuite pro­po­sé une lec­ture cri­tique du film Epi­lep­tic Sei­zures Nos. 1–8 (Wal­ter G. Chase, 1905). Sa com­mu­ni­ca­tion, inti­tu­lée « Tal­king Women : Fra­ming Sei­zures in the 1905 Craig Colo­ny Epi­lep­sy Films », exa­mi­nait la repré­sen­ta­tion des convul­sions fil­mées dans un ancien éta­blis­se­ment pour per­sonnes épi­lep­tiques de l’État de New York, afin de sou­li­gner la dimen­sion poli­tique de ces images scientifiques.

Les riches inter­ven­tions des participant·es se sont enchaî­nées de la sorte jusqu’au same­di 26 avril. La der­nière sec­tion du pro­gramme a notam­ment mis en lumière les recherches effec­tuées à l’Université de Mont­réal. Miche­line Cam­bron et Nino Gabriel­li ont par exemple pro­po­sé une confé­rence sur le Centre audio-visuel de l’université, puis Louis Pel­le­tier et Nino Gabriel­li se sont inté­res­sés aux films oubliés du Père Venance.

André Habib rap­pelle l’intérêt de revi­si­ter les films d’archives scien­ti­fiques aujourd’hui : « Ces films édu­ca­tifs pos­sèdent deux modes d’activation. D’une part, on peut les extir­per de leur contexte pour les com­bi­ner à d’autres images, jouer sur les sons ou les cou­leurs, et ain­si faire émer­ger de nou­velles couches de sens. D’autre part, ils gardent une valeur péda­go­gique et de vul­ga­ri­sa­tion, dans des domaines variés allant de la méde­cine à la lin­guis­tique.  Même si les dis­po­si­tifs ciné­ma­to­gra­phiques semblent par­fois datés, ces films docu­mentent des moments pré­cis de l’évolution des sciences et ouvrent aujourd’hui de nou­velles pistes de réflexion. »