Le mercredi 14 juin 2023, le codirecteur du partenariat TECHNÈS Gilles Mouëllic a été emporté par la maladie. La perte de ce chercheur d’exception nous affecte toutes et tous au sein de l’équipe de TECHNÈS ainsi qu’au Laboratoire CinéMédias.
Le partenariat TECHNÈS, a connu ses premiers développements en 2010, à l’Université Rennes 2, depuis l’intérieur même du programme de recherche ANR « Filmer l’acte de création ». Il était rapidement apparu aux yeux des coordinateurs de ce projet (Pierre-Henry Frangne, Laurent Le Forestier et Gilles Mouëllic, qui en était le responsable scientifique) qu’un tel sujet obligeait à penser les techniques que mobilise le cinéma afin de filmer d’autres techniques artistiques. À la faveur d’un séjour de recherche d’André Gaudreault (Université de Montréal) au sein du département des arts du spectacle de l’université française, l’idée de ce qui allait devenir TECHNÈS fut lancée. Des échanges suivis entre Gilles Mouëllic, Laurent Le Forestier (à l’époque à Rennes 2) et André Gaudreault (ainsi qu’entre ces trois collaborateurs et la chercheuse Maria Tortajada, à l’Université de Lausanne) naquit donc, en 2012, ce projet de recherche destiné à repenser d’un point de vue technique les méthodes de l’histoire du cinéma, depuis l’avènement du médium jusqu’à l’ère du numérique. Il fut codirigé par ces trois mêmes personnes au cours des sept dernières années.
Au-delà d’un simple partenariat, c’est une véritable amitié qui est née entre les trois codirecteurs de TECHNÈS. Dans un tel projet, il faut certes que certains membres s’occupent de l’organisation et de l’administration ; mais il faut aussi des chevilles ouvrières. Gilles savait traverser les fonctions, assumant toujours les prises de décision tout en sachant œuvrer humblement aux plus modestes tâches qu’une telle entreprise requiert. Il avait également pensé ce projet comme un moyen de fédérer les compétences des collègues qu’il appréciait et n’a cessé d’œuvrer humainement à son bon fonctionnement, de nourrir le feu des relations individuelles, qui menace souvent de s’éteindre, étouffé par la lourdeur institutionnelle des projets collectifs. De fait, plus qu’un organisateur, qu’un administrateur et qu’une cheville ouvrière, Gilles fut l’âme de TECHNÈS.
En plus d’être un chercheur d’exception, Gilles était avant tout un homme au grand cœur ; un être généreux et brillant ; un passionné de musique et de cinéma. Par son attention à chacun, à chacune, des étudiants et étudiantes aux collègues, et par sa bienveillance jamais prise en défaut, il a marqué chaque personne qui a croisé son chemin. Nous ferons de notre mieux pour faire honneur à sa mémoire.
Nous avons perdu un collègue, un guide, un penseur, mais surtout un ami cher qui nous manque déjà beaucoup.
André Gaudreault (Université de Montréal) et
Laurent Le Forestier (Université de Lausanne)