L'équipe du partenariat cinEXmedia est heureuse de vous inviter à la prochaine Grande Conférence cinEXmedia qui aura lieu le jeudi 7 novembre prochain à l’Université de Montréal. Pour la deuxième édition de ces conférences, nous aurons l’honneur de recevoir Francesco Casetti, professeur titulaire de sciences humaines et d'études cinématographiques et médiatiques à Yale University.
Francesco Casetti a précédemment enseigné en Italie, où il a été président de la société savante des études cinématographiques et médiatiques. Professeur invité à Paris 3 La Sorbonne Nouvelle, à l'université de l'Iowa et à Harvard, boursier à l'université d'Otago, à l'université Bauhaus de Weimar et à l'université libre de Berlin, il s'est vu décerner la « Chaire de culture italienne » pour un chercheur émérite à Berkeley. Parmi ses ouvrages figurent D'un regard l'autre : le film et son spectateur ; Les Théories du cinéma depuis 1945 ; Eye of the Century : Film, Experience, Modernity ; The Lumière Galaxy. Seven Key Words for the Cinema to Come et Projection / protection : les médias qui font écran. Ses recherches actuelles portent sur les premières théories du cinéma, en particulier sur les positions cinéphobes de la première moitié du XXe siècle, et sur une généalogie de l'écran qui souligne ses aspects environnementaux et sa propension à devenir une composante de nos « paysages médiatiques » actuels. Francesco Casetti est également membre de notre partenariat.
La conférence sera donnée en français, mais il sera possible de poser des questions en anglais. Vous trouverez ci-dessous l’horaire de la conférence :
- Médias, angoisses, protection — 7 novembre 2024, dès 15h
- Espace Gérard-Boismenu (C-2059)
- Pavillon Lionel-Groulx, Université de Montréal
- 3150 rue Jean Brillant, Montréal, H3T 1N8
Résumé de la conférence :
Dans Au-delà du principe de plaisir, Sigmund Freud affirme que « la protection contre les stimuli est une fonction presque plus importante pour l'organisme vivant que la réception des stimuli ». Nous pouvons appliquer la même phrase à de nombreux médias contemporains : en effet, ils fonctionnent de plus en plus comme des filtres qui nous défendent contre les menaces et les dangers apparents de l'extérieur, plutôt que comme des réceptacles libres de données externes ou, pire, comme des outils agressifs pour s'approprier le monde. Pensez non seulement aux caméras de surveillance qui limitent l'accès d'un bâtiment aux personnes extérieures, aux points de contrôle qui empêchent l'introduction d'objets dangereux dans un aéroport et dans un avion, aux cloisons en plastique qui empêchent les germes de se propager dans les espaces publics pendant les pandémies, mais aussi à la télévision, avec sa capacité à diffuser des nouvelles d'un monde turbulent dans un espace domestique, et aux plateformes de communication comme Zoom et Webex, qui permettent aux utilisateurs de rester en contact tout en évitant un contact physique potentiellement dangereux. Chacun de ces médias construit une sorte de « bulle » dans laquelle les individus trouvent un havre de sécurité pour mieux gérer la réalité. Dès lors, la médiation n'est plus un « prolongement de l'homme », comme le dit Marshall McLuhan, mais apparaît comme un processus plus complexe, où le contact avec le monde repose sur une forme de distanciation, et où appréhender la réalité signifie aussi reconnaître les menaces qu'elle peut représenter - menaces qui sont, le plus souvent, le résultat de l'action humaine sur le monde.
L'exposé explore la présence généralisée des médias de protection dans notre paysage médiatique contemporain et analyse à la fois leur efficacité et leurs implications idéologiques.
Pour celles et ceux qui ne seraient pas en mesure d’y assister, les deux présentations seront enregistrées et diffusées ultérieurement sur le site du Laboratoire CinéMédias.