Des archives télévisuelles sur Tënk pour « pousser la réflexion collective » 

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La pla­te­forme de docu­men­taires s’est asso­ciée au Labo­ra­toire Ciné­Mé­dias pour pré­sen­ter un pro­gramme d’archives télé­vi­suelles de Radio-Cana­da. 

Image tirée du film Anaïs Nin (Georges Dufresne, entre­tien avec Fer­nand Seguin, 1969), qui était pré­sen­té dans le cadre de l'escale d'archives télé­vi­suelles de Radio-Canada

Des débats sur le finan­ce­ment de Radio-Cana­da refont sur­face ces der­nières années, alors que de nom­breuses études font état d’une perte de confiance du public envers les médias tra­di­tion­nels et d’une exa­cer­ba­tion de la pola­ri­sa­tion poli­tique par­tout au pays. 

Cer­taines per­sonnes sou­haitent sup­pri­mer ou réduire le finan­ce­ment de la socié­té d’État, tan­dis que d’autres estiment qu’elle occupe une place essen­tielle dans l’écosystème média­tique cana­dien, à l’heure où la télé­vi­sion tra­di­tion­nelle fait face à une concur­rence féroce de la part des pla­te­formes de dif­fu­sion en continu. 

Pour défendre le man­dat du dif­fu­seur public et la capa­ci­té de la télé­vi­sion à « pous­ser la réflexion col­lec­tive » dans ce contexte, Nao­mie Déca­rie-Dai­gneault, direc­trice artis­tique de la pla­te­forme de docu­men­taires Tënk, a mis sur pied un pro­gramme de films avec le Labo­ra­toire CinéMédias. 

Inti­tu­lé L'héritage de Radio-Cana­da : quand la télé­vi­sion don­nait à pen­ser, le pro­gramme est consti­tué de deux entre­tiens, d’un por­trait d’artiste et d’un télé­théâtre, tous tirés des archives de Radio-Cana­da. Dif­fu­sés à l’hiver der­nier pour une durée limi­tée dans le cadre des Escales, une série de Tënk, les films ne sont main­te­nant plus dis­po­nibles à la demande. Des fiches d’information demeurent tou­te­fois en ligne ici

« Un rôle péda­go­gique de pre­mier plan » 

Nao­mie Déca­rie-Dai­gneault affirme que les « ciné­philes ont tou­jours regar­dé la télé­vi­sion de haut », mais que « celle-ci peut jouer un rôle péda­go­gique de pre­mier plan . Tout par­ti­cu­liè­re­ment Radio-Cana­da, qui don­nait régu­liè­re­ment la parole à de grands intel­lec­tuels à une cer­taine époque. » 

« Je pense qu’on peut faire valoir l’importance des médias tra­di­tion­nels tout en demeu­rant cri­tique à l’égard de leur tra­vail, pour­suit la pro­gram­ma­trice. L’une des façons que nous avons trou­vées, chez Tënk, est de se tour­ner vers le pas­sé. Cer­taines archives de Radio-Cana­da sont d’une qua­li­té impressionnante. » 

L’occasion de rendre hom­mage à ces archives s’est pré­sen­tée dans la fou­lée de la paru­tion du der­nier numé­ro du maga­zine Spi­rale, codi­ri­gé par la cher­cheuse Sté­pha­ny Bois­vert et par Tho­mas-Car­rier Lafleur, direc­teur adjoint et coor­don­na­teur de la recherche du Labo­ra­toire CinéMédias. 

« On vou­lait col­la­bo­rer avec Spi­rale depuis long­temps, et quand j’ai su que le pro­chain numé­ro du maga­zine serait consa­cré à la télé­vi­sion, j’ai com­pris qu’on pour­rait enfin inves­tir des archives télé­vi­suelles, explique Nao­mie Déca­rie-Dai­gneault. La col­la­bo­ra­tion avec Ciné­Mé­dias s’est ensuite natu­rel­le­ment impo­sée, grâce à Tho­mas Car­rier-Lafleur, qui nous a notam­ment aidés à finan­cer nos démarches auprès de Radio-Canada. » 

Le pro­gramme est consti­tué des quatre films sui­vants : 
- Anaïs Nin (Georges Dufresne, entre­tien avec Fer­nand Seguin, 1969)
- Por­trait d’Edgar Varèse (Suzanne Mer­cure, entre­tien avec Fer­nand Ouel­lette, 1967) 
- La charge de l’orignal épor­myable (Jean Sal­vy, télé­théâtre, 1992) 
- Susan Son­tag (Aline Des­jar­dins, émis­sion Femmes d’aujourd’hui, 1996) 

Cet ensemble de films « repré­sente toute la diver­si­té de la pro­gram­ma­tion cultu­relle de Radio-Cana­da de la deuxième moi­tié du XXe siècle, sou­ligne la direc­trice artis­tique de Tënk. Il ne s’en fait plus, des émis­sions comme Les Beaux Dimanches, où l’on avait entiè­re­ment confiance que le public embar­que­rait dans la pro­po­si­tion, aus­si écla­tée soit-elle. » 

Nou­veau par­te­na­riat 

Ce pro­gramme de Tënk marque éga­le­ment le début d’un nou­veau par­te­na­riat entre cinEXmedia et la pla­te­forme. Celui-ci pour­rait se décli­ner de plu­sieurs façons à l’avenir, explique Nao­mie Déca­rie-Dai­gneault : « Nous tra­vaillons pré­sen­te­ment à un pro­jet de pro­gram­ma­tion sur le ciné­ma soma­tique pour lequel le numé­ri­seur du labo­ra­toire pour­rait nous être utile. Nous sou­hai­tons aus­si ren­for­cer nos liens avec la com­mu­nau­té uni­ver­si­taire de façon géné­rale et cinEXmedia me paraît un excellent par­te­naire pour le faire. » 

La pla­te­forme Tënk a d’abord été fon­dée en 2016, en France, sous forme de coopé­ra­tive, pour dif­fu­ser en ligne des docu­men­taires d’auteur en Europe fran­co­phone. En 2020, la ver­sion cana­dienne a vu le jour, à Mont­réal, sous la codi­rec­tion de Nao­mie Déca­rie-Dai­gneault et de Flo­rence Lamothe.

« Nous essayons de pro­mou­voir une vision la plus hori­zon­tale pos­sible de la pro­gram­ma­tion, résume Nao­mie Déca­rie-Dai­gneault. Nous avons une équipe per­ma­nente d’une ving­taine de per­sonnes à la pro­gram­ma­tion en alter­nance, et nous col­la­bo­rons sou­vent avec des orga­nismes et des pro­fes­sion­nels du milieu du ciné­ma pour mettre en place des pro­grammes plus éphé­mères. Notre col­la­bo­ra­tion avec cinEXmedia en est un très bon exemple, et j’ai hâte de voir où elle va nous mener par la suite. »